désolée pour hier soir (libre)

« je vais prendre l'air, julio. »
une tape sur son épaule. tu titubes difficilement dehors. bousculé par les uns. de nouveau balancé sur la piste de dance pour d'autre. hoquet de surprise quand tu croises les seins d'une jolie. le nez dedans. tu souris dangereusement. les mains presque baladeuses. elle s'évapore dans la foule. sourire évadé. tu t'échappes de la salle. bol d'air frais dans les poumons. t'as la tête qui tourne. tu penches d'un bord. puis de l'autre. rigoles tout seul dans la nuit noire. pas si noir. éclairé par la lune. par les lampadaires. bref. t'es pas dans le noir. tu plonges une main dans ta poche. un vieux briquet rouge à présent dans la main droite. tu farfouilles tout ton corps à la recherche d'une clope. après t'être abîmé l'estomac. tu t'attaques à tes poumons. cigarette au bec. la main qui tremble. instable. petit flamme à quelques centimètre des doigts. brûlure discrète. léger grognement. fumée épaisse. inspiration lente. un moment de paix. loin de la foule. loin du bruit. toi et toi même. et ce truc verre dans le caniveau. tu te baisses. équilibre instable. tu tangues. les yeux grands ouverts. la vision flou. lointaine. ça bouge. tu pouffes de rire. plaque ta main sur ta bouche. t'as pas envie de l'effrayer. tu ne sais pas ce que c'est. un rat ? un chaton ? un pigeon ? t'en sais rien. mais ça une couleur bizarre. ça bouge doucement. au gré du vent. ça a peut-être peur. ou froid. tu tires encore une fois sur ta clope.
« t'es perdu, petit gars ? »
tu tangues encore un peu plus. un doux sourire posé sur tes lèvres. tu te baisses un peu plus. tes genoux collés à ton torse. tes bras repliés dessus. reniflement.
« t'as peut-être faim ? »
et tu t'actives à la recherche de quelque chose. n'importe quoi. tes poches sont saccagés. bordel immense. tu soupires. t'as rien. rien de mangeable.
« je suis désolé. petit loup. »
t’essuie ton nez contre ta manche. les joues à présent rosé par le froid. les cheveux balancé dans le vent. tu te penches un peu plus. tu scrutes la bête. la chose. tu fronces les sourcils. avance un doigt peu assuré. une moue effrayé. mais tu le retires vite-fais. t'as pas envie de te faire mordre. mais plus tu scrutes. et plus tu trouves que ça ressemble à un bout de carton. tu hausses les épaules.
« sinon, toi ça va ? moi ça va. tranquille. sans plus. »
monologue unique. saccager de nouveau ses poches. à la recherche d'une nouvelle clope. discuter dans le vent. une nouvelle fois baissé à terre. tu regardes la ville. une ombre qui se faufile au dessus de toi. t'en tiens pas rigueur. tu pointes un doigt vers ton nouvel ami.
« j'vais t’appeler mario. »
chose inanimé. si seulement tu savais. bout de carton imbibé de la rosée du matin. t'es encore une fois trop bourré.